La création des grands écarts



La frustration sexuelle existe dans les pays se voulant musulman, c'est un fait. La bourgeoisie passe au delà de cet ordre moral et n'hésite pas à copier le système occidental en s'habillant comme la dernière star à la mode et en fréquentant des hommes venant du même milieu social. Un peu comme la composition de la sphère politique française, l'ordre sociétal musulman ne se renouvelle pas. Il n'est pas dans mes habitudes de tomber dans le sentiment petit et mièvre, mais dernièrement la Tunisie a eu un visiteur particulier en la personne de Wadji Ghonim. Un prédicateur égyptien comme on en fait plus qui squatte le réseau hertzien pour partager ses idées. Ce dernier se place en tant que fervent défenseur de l'excision. Il est nécessaire de rectifier les choses. Il n'y a aucun verset du Coran et aucun hadîth authentique qui suggère que l'excision fasse partie de l'Islam. L’excision est un produit de la culture et non de l'Islam. Celle-ci existait bien avant l'Islam. Le Prophète Mohamed pense que le sentiment d'extase pendant l’acte sexuel est un signe d'une relation heureuse et épanouie entre un homme et une femme.

Mais Wadji Ghonim rencontre quand même un certain succès au pays du jasmin. Notamment auprès des classes défavorisées. En plus de ne pas avoir suffisamment d'argent pour se marier, les hommes ne connaissent aucunement les plaisirs du savoir, préférant le chemin long et diabolique de la prédication. Ils pensent être spirituel, mais la spiritualité ne peut chanter en chœur avec l'ignorance et l'inculture. A défaut de pouvoir satisfaire les femmes, ils préfèrent donc  annihiler le plaisir féminin afin de posséder la gent féminine jusqu'à son plaisir primaire.

La bêtise est encore plus énorme lorsque l'on voit la fascination de cette frange de la fascination tunisienne pour cet islamo-mondialisme venant tout droit des émirats et des Saoud. Oui cette famille royale, qui derrière les valeurs qu'elle prône, collabore ouvertement avec le capital judéo-protestant de Wall-Street et de la City. Cela n'empêche pas de consommer avec outrance de l'alcool et de la cocaïne aussi vulgairement qu'un Tony Montana du pauvre.

Mais l'ignorance se trouve aussi dans la classe bourgeoise tunisienne qui prend tous les défauts du modèle occidental sans se préoccuper des qualités. La fille va sortir avec l'homme qui roule en Mercedes, échangeant à la façon d'une geisha ses faveurs sexuelles contre une élévation sociale passant par les signes extérieurs de richesse. L'homme recherche tout simplement le plaisir de la chair qu'il peut consommer en toute impunité contrairement à ses amis venant du bas de l'échelle. Il va trouver un bonheur certain en étant le centre de la jalousie. Ne pouvant pas se distinguer intellectuellement il tente tant bien que mal d'exister socialement grâce à la fortune familiale qui par la suite risque sans doute de disparaître en alcool. 

Derrière cette déchéance de l'âme on peut sans doute voir l'empreinte de la période Ben Ali. L'argent facile et l'arrivisme étaient les symboles d'une dictature vacillante. Tout dans l'apparence et rien dans la tête, tel est le leitmotiv d'une génération perdue. Cette dernière n'a rien à voir avec le mouvement de Gertrude Stein qui était au cœur d'un désenchantement mondial. La jeunesse bourgeoise tunisienne, ne connaît pas le bruit ni l'odeur de l'enchantement. Le drame tunisien réside dans l'amorphisme latent de sa jeunesse qui dort en ne souhaitant aucunement porter sur ses épaules le poids dramatique et tragique de toute une nation.


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